« Lorsque j’ai entendu pour la première fois le chant de son harmonica, je suis entré dans un monde magique orné d’architectures fractales en mouvement. Mon ami Florentino, fils de Martin, est un guérisseur de la communauté Kamëntšá de Sibundoy, au sud de la Colombie, ville ancrée en haut de la montagne à moins d’une centaine de kilomètres de la jungle amazonienne. À ses côtés, j’ai appris une nouvelle manière d’approcher la musique, comme un outil d’acheminement de l’énergie, véhicule du divin.

Avec cette œuvre, j’utilise l’orchestre comme une sorte loupe sonore. Un grand instrument qui me permet de faire un zoom sur cette sonorité d’harmonica, de pénétrer à l’intérieur de ce chant — le son du souffle réverbéré par l’esprit. Il s’agit d’une formation un peu particulière : un orchestre réduit, où les cordes, les vents et les cuivres sont peu nombreux, avec la présence de l’accordéon, instrument inhabituel dans la musique orchestrale. L’écriture se rapproche ici plus de celle d’un grand ensemble de chambre, avec les voix souvent en divisi.

L’instrumentation définitive répond directement au choix du programme, concocté avec Zoi Tsokanou, cheffe invitée par le Festival pour diriger l’OSR ; Partiels de Gérard Grisey, œuvre emblématique de l’école spectrale, et le Prélude à l’après-midi d’un faune, de Debussy, arrangé pour orchestre de chambre par Thierry Blondeau. » — Daniel Zea

Festival Les Amplitudes